Il faisait beau ce dimanche 16 juin 2013. Trop beau. Tellement beau que la consommation d’électricité en Europe a chuté, alors que la production d’énergie solaire et éolienne atteignait un pic. Ce jour-là, le kilowattheure s’est échangé à prix négatif en France, à -20,29 euros. Il est même tombé à -200 euros pendant quelques heures.
Producteurs incapables de réguler le marché?:
En fait, ce dernier est déstabilisé depuis quelques années par la montée en charge de la production d’électricité d’origine renouvelable en Allemagne.
Sa part dans le mix électrique allemand est passée de 6,6% en 2000 à 23,5% en 2012, selon l’office fédéral des statistiques allemand.
Conséquences sur les distributeurs?:
Les énergéticiens allemands, E.ON, RWE, EnBW et Vattenfall, jusqu’ici considérés comme des entreprises florissantes, voient leurs résultats se dégrader », avertit Etienne Beeker. E.ON, le premier électricien allemand, a enregistré en 2011 la première perte nette de son histoire : 2,2 milliards d’euros.
Conséquences pour les pays limitrophes?:
Avec ses prix tirés vers le bas, il devient plus intéressant pour ses voisins d’importer l’électricité que de la produire eux-mêmes.
Conséquences sur le réseau européen d’électricité?:
« Lorsqu’un afflux massif d’électricité sature le réseau, comme c’est le cas souvent avec l’énergie solaire, cela perturbe la fréquence du courant », explique Etienne Beeker (expert au Commissariat général à la stratégie et à la prospective en France). Le 4 novembre 2006, un simple incident sur une ligne du Nord de l’Allemagne, alors que les éoliennes fonctionnaient à plein régime, a entraîné un black-out général sur l’Europe. EDF a dû opérer en urgence des « délestages » (en clair, couper le courant à certains foyers) pour éviter la catastrophe.
Solutions?:
Consciente du problème, la Commission européenne prône la construction d’interconnexions entre les pays de l’UE pour faciliter les échanges d’électricité verte. Le projet, baptisé mécanisme d’interconnexion en Europe (MIE), devrait voir le jour à partir de 2014 et sera doté de 50 milliards d’euros. Mais les montants en jeu sont bien plus importants : 250 milliards d’euros d’investissements seraient nécessaires d’ici 2030 pour finaliser les liaisons manquantes et éliminer les goulets d’étranglement, estime elle-même la Commission.
Source:
Cet article est un résumé du billet de Céline Deluzarche paru dans le Journal du Net 30 octobre 2013